Gérard Miller

Ce n’est pourtant pas difficile à formuler et à reconnaître... Un policier à terre, roué de coups, c’est insupportable. Mais ni ça ni rien d’autre ne peuvent justifier l’usage insensé des flash-ball et la brutalité débridée de certains policiers. Consensus possible sur ce point ?

Je sors d’un débat télé et une fois de plus on m’a cité telle ou telle des déclarations d’Eric Drouet pour que je l’accable. Ok, des conneries, c’est sûr qu’il en a dites. Mais avant qu’il en dise autant que Jean-Michel Aphatie ou Christophe Barbier, y a quand même de la marge !

Convaincu de son impunité et se moquant bien d’être identifié, un commandant de police, récemment promu de la Légion d’honneur, est filmé à Toulon en train de cogner plusieurs personnes. C’est la loi du genre : quand le pouvoir perd le nord, la police perd la boule.

Bruno Lemaire avait annoncé un nouveau système de taxation des géants du numérique. Rien n’est fait, mais «on va y travailler avec eux, dit-on du côté du ministre, et sans partir du principe qu’ils sont malhonnêtes.» Ah si, partez de ce principe, parce que ça au moins c’est sûr.

Je viens de lire le « Merci, monsieur Drouet » de Mélenchon. En qq mots, il réussit à expliquer la grandeur de la Révolution française et celle du mouvement des Gilets jaunes. Brillant et juste ! Rien à voir en tout cas avec ce que Benoit Hamon a essayé de lui faire dire.

Le gouvernement veut traquer les fainéants qui se la coulent douce au chômage. Euh, d’accord, mais est-ce sûr que cela suffira à masquer cette si simple évidence d’airain : la quasi totalité de ceux qui n’ont pas de travail... n’en trouvent pas ? Envoyé de mon iPhone

Froid+fêtes+répression+fatigue. Ceux qui n’ont pas été épatés de constater qu’il y a encore eu des milliers de Gilets jaunes pour descendre un peu partout dans la rue un 29 décembre (!), n’ont pas dû souvent manifester dans leur vie. C’était pourtant du jamais vu.

Dénoncez la répression, la concentration des pouvoirs ou la misère en France, il y aura toujours des jocrisses pour vous répondre : « Dans une dictature, ce serait quand même pire ! » Et, hop, les voilà rassurés, comme si se comparer au pire, c’était l’avenir de notre démocratie.

Nouvelle commande de 1280 flash-ball, des armes pourtant inadaptées au maintien de l’ordre et qui ont causé des blessures graves à des dizaines de personnes, dont plusieurs lycéens : mâchoires fracturées, dents cassées, joués arrachées, yeux mutilés. L’ordre, l’ordre à tout prix.

Pour ma part, je sais ça depuis Mai 68. Un mouvement de révolte, c’est comme l’amour - une entreprise un peu folle que l’on commence en ignorant son issue. Évidemment, on peut toujours préférer ne pas bouger, se résigner et subir - là, au moins, on n’aura pas de surprise.

N’importe qui peut enfiler un gilet jaune, y compris de petites crapules racistes, antisémites et autres. Les dénoncer, les combattre, c’est plus que nécessaire, mais leur dangereuse connerie ne caractérise en rien le mouvement des Gilets jaunes, juste ses marges nauséabondes.

Il faut croire à l’augmentation des salaires, pas aux primes facultatives. Et il faut refuser qu’on attaque par ce biais les cotisations sociales. Les cotisations, c’est la retraite, l’assurance chômage, tout un système de protection que le libéralisme veut justement détruire.

Les Gilets jaunes ont ouvert les yeux du grand patronat. Celui-ci savait bien sûr que 20% des Français connaissent des difficultés pour se nourrir, mais naïvement il les croyait malades. Alléluia ! Il vient de comprendre qu’ils ne sont pas anorexiques, mais pauvres.

En son temps, un vieux renard socialiste désignait la droite française comme étant « la plus bête du monde ». Aujourdhui, avec Philippe, Lemaire and Co, on a toujours la droite la plus bête, mais - miracle du macronisme - elle se croit désormais la plus intelligente du monde.

Face à la colère des policiers, épuisés par les manifestations de ces dernières semaines, le gouvernement va enfin payer leurs heures supplémentaires accumulées, paraît-il, depuis des décennies. Merci qui ? Merci les Gilets jaunes.

Les policiers manifesteront mercredi. Normal, c’est chacun son tour. Mais y a quand même un problème : aujourd’hui, chaque fois qu’on manifeste, on doit recevoir des lacrymos, sinon c’est pas médiatisé. Alors, sur ce coup-là, qui va se dévouer et en balancer sur la police ?