Justement, en cette forme nouvelle d'inquisition, peut-être trouve-t-on des gens qui ne supportent pas les juifs, fussent-ils tunisiens? Et si tel était le cas, je dirai qu'ils devraient avoir honte. Ce n'est pas cela la Tunisie.
Le premier forum international du HuffPost Maghreb s'est tenu jeudi à l'Institut du Monde Arabe de Paris. En lumière, des femmes de choc venues témoigner de leurs actions de terrain pour l'éducation, la planification familiale ou l'égalité hommes-femmes.
Le vivre ensemble n'est pas un acquis, il ne se décrète pas, il se construit chaque jour, patiemment et sans relâche. C'est une question de volonté et nous sommes tous et toutes concernés.
Je pénètre dans la maisonnette: une dizaine de femmes vêtues de jolies robes indiennes, la tête couverte, s'activent. Elles me saluent aimablement, m'offrent un plat et m'invitent à manger à l'intérieur.
SOCIÉTÉ - Je ne sais pas pour vous, mais moi, à chaque fois que je vois les femmes mulets, j'ai envie de pleurer et de hurler. La vue de ces femmes qui ont renoncé à leur statut d'êtres humains pour devenir des bêtes de somme afin de transporter, cassées en deux, des marchandises de contrebande, m'est insupportable.
Je crois indispensable de dire qui je suis et d'où je viens. Père, intellectuel de gauche, pendant les années de plomb, parfaitement bilingue, et mère enseignante, férue de littérature arabe, j'ai fait toute ma scolarité dans les écoles et universités françaises. Je ne dénigrerai pas l'apport culturel de la France qui fait partie de mon univers, de mon imaginaire au même titre que mon Maroc arabe, amazigh, hébraïque, divers et heureux dans cette diversité, ou que, mondialisation oblige, les cultures d'ailleurs, africaines, maghrébines, américaines du nord et du sud et asiatiques.
SOCIÉTÉ - Lors d'un récent déplacement en Colombie, j'ai connu Hamit, un jeune avocat israélien. Nous avons vite sympathisé et l'on a fait un bout du voyage ensemble trainant nos sacs à dos de bus en bus dans les vallées merveilleuses de la région de Medellin. Nous avons réellement fraternisé lorsque Hamit m'a passé sa mère Louisa au bout du fil. A ma grande surprise, elle m'a parlé en darija et a insisté pour que nous buvions du thé avec de la chiba (absinthe) pour "éviter de tomber malade sous les Tropiques".
Baya était convaincue que pour sa génération, la démocratie n'apporterait pas forcément le bonheur. Mais que sans la démocratie et sans les libertés, sa génération et celle qui arrive sont presque condamnées aux réveils amers de la désillusion et au quotidien du désenchantement. Baya Gacemi ne se résignait pas à l'accepter.
SOCIÉTÉ - À tous mes adorables frères et soeurs marocains qui découvrent qu'ils sont Africains en 2017, je vous conjure de bien vouloir dire: on est citoyen de l'Union africaine.
Tu n'es pas l'étranger, nous avons le même père. Tu n'es pas l'étranger, tes mots soufflent au vent comme les nôtres. Tu n'es pas l'étranger, tu ris et souris comme nous. Tu n'es pas l'étranger, parce que je ne serai pas musulman, tu aimes tes enfants, comme nous aimons les nôtres. Tu rêves d'un monde meilleur, je l'espère. Nous aussi.
SOCIÉTÉ - Pourquoi devons-nous faire l'effort de coexister alors que nous existons déjà? Pourquoi devons-nous faire l'effort de respirer alors que nous respirons déjà? Est-ce qu'un Européen doit respirer différemment qu'un Africain? Est-ce qu'ils doivent faire l'effort de respirer ensemble? Est-ce que les musulmans, les chrétiens, les juifs, les bouddhistes, les baha'is doivent faire des efforts pour coexister? Mais pourquoi ces efforts?
LANGUE - Voilà plus de quatre ans que le Maroc a procédé à l'officialisation de l'amazigh. La Constitution de 2011 en fait dans son article 5 une langue officielle au même titre que l'arabe. C'est pour une fois, pour reprendre la novlangue d'usage, bien d'une avancée qu'il s'agit, tandis que les autres pays du Maghreb, l'antique "Tamazgha" de l'écrivain algérien Kateb Yacine, persistent à ne lui reconnaître sinon aucun statut, du moins celui de langue nationale, comme il en est depuis 2002 en Algérie.